Rencontre avec l’exceptionnelle Darina Al Joundi à l’occasion de la 75e édition du Festival du Film International de Cannes. Venue soutenir Tarek Saleh pour le film Boy From Heaven, en compétition officielle et lauréat du prix du meilleur scénario, Darina nous a accordé un entretien.

Darina EL JOUNDI - Cannes 2022, montée des marches pour le film "Boy from heaven" de Tarik Saleh. Crédit photo : Ammar Abd Rabbo

Darina EL JOUNDI – Cannes 2022, montée des marches pour le film Boy from heaven de Tarik Saleh. Crédit photo : Ammar Abd Rabbo

Vous êtes artiste autodidacte, racontez-nous comment tout a commencé ?

J’ai commencé ma carrière de comédienne à l’âge de 8 ans dans Majalati, un programme télé pour les enfants. Et c’était parti… entre théâtre, télévision, cinéma et écriture je n’ai jamais arrêté. J’adore les trois : théâtre, télé et cinéma. Dès que j’en fais un, les autres me manquent. Dans tous mes rôles, il était important pour moi qu’on me voit comme une comédienne, tout court, et pas comme une actrice “arabe”. J’ai voulu sortir de ce cliché, je refusais d’être “l’arabe de service” dans le choix des rôles.

Parlez-nous de votre actualité…

En ce moment je travaille surtout sur l’adaptation au cinéma de mon deuxième roman, sur la vie de May Ziadé, “Prisonnière du Levant”, c’est mon premier long-métrage en tant que réalisatrice. J’ai déjà obtenu de l’aide au développement, le projet est bien entamé.

J’ai récemment joué dans le film “Dirty, Difficult, Dangerous” de Wissam Charaf. Je joue également dans le film “Guerre” de Romain Gavras (le fils de Costa-Gavras), et dans un film de Soudade Kaadan.

Côté théâtre, nous venons de terminer les représentations de la pièce de théâtre “Dans la fumée des joints de ma mère” au TGP.

Je fais beaucoup de choses…

La crise sanitaire a-t-elle impacté votre activité et vos projets ?

Pas vraiment. La crise de la Covid-19 ne m’a pas arrêtée, vous savez je travaille souvent confinée, sur mes textes, pour écrire aussi…Cette période ne m’a pas empêchée de faire plusieurs festivals, par exemple. Cela dit les conditions de tournage étaient évidemment plus difficiles pendant cette période, on devait faire des tests tout le temps, respecter les restrictions, etc.

Quelles sont vos inspirations, Darina ?

J’aime beaucoup l’acteur Daniel Day-Lewis. Mais mon actrice préférée est et restera Gena Rowlands. La regarder est une vraie leçon pour une actrice. Pour moi, regarder un film d’elle équivaut à un an de formation à l’université.

Je suis également une admiratrice sans borne de John Cassavetes, qui a réalisé les plus beaux films.. c’est un maître dans la façon de travailler les comédies. Mon film préféré est « Opening Night » : je connais les dialogues par cœur.

Pouvez-vous nous décrire votre vision du métier de comédienne, en quelques mots ?

Être comédien.ne c’est travailler, raconter des histoires, ce n’est pas être une “star”, être dans le paraître. Un.e comédien.ne ne doit pas se soucier de sa beauté, mais des sentiments qu’il/elle véhicule. Être comédien.ne, c’est avant tout savoir s’aimer. Tu ne peux pas transmettre des émotions si tu ne t’aimes pas.

Propos recueillis par Sarah Hajjar

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Darina Al Joundi est une comédienne de théâtre et de cinéma syro-libanaise. Elle est également auteure de scénarios et de concepts télévisés.