Lors de la 75ème édition du Festival de Cannes, le FFLF a rencontré Hay-Love Hadchiti, fondatrice et directrice du Festival du Film Libanais au Canada (FFLC). A quelques semaines de l’ouverture de la 6e édition à Montréal, puis dans 4 villes canadiennes, Hay-love nous a parlé de son parcours et de ses ambitions pour le FFLC. 

Hay-Love Hadchiti à la 75ème édition du Festival de Cannes.

 

Qu’est ce qui vous a amenée au festival de Cannes cette année ?

Au Festival du Film libanais du Canada, nous avons vraiment besoin d’être ouvert.e.s à d’autres horizons culturels. Cannes est généralement un véritable lieu de rencontres. Nous sommes aussi sur place afin de soutenir les professionnel.le.s du cinéma libanais, étant donné la crise que connaît le Liban actuellement et le coup porté aux secteurs culturels. Nous voulons rester à l’affût de l’actualité du cinéma libanais, voir surtout les projets auxquels les cinéastes libanais.e.s ont participé. Nous sommes également présent.e.s afin de découvrir des artistes émergents, de nouveaux films. Et aussi en termes d’expérience, nous sommes toujours amené.e.s à repenser l’organisation de notre festival, en vue de l’améliorer. 

 

Quelle est l’actualité du Festival du Film Libanais au Canada ?

Nous sommes à une semaine de la 6e édition qui se tient du 11 au 20 juin, à Montréal jusqu’au 16 et ensuite à Ottawa jusqu’au 20. Notre soirée d’ouverture aura lieu le 11 juin, avec notre invitée d’honneur Pierrette Katrib. Nous aurons également le plaisir d’accueillir Hassiba Freiha et Kenton Oxley pour le film Farah. La sélection du festival cette année est très riche, le programme touche à un grand nombre de sujets que nous vivons actuellement. Des sujets que nous n’avions jamais abordés, en l’occurrence la santé mentale que traite le film Farah. Notre premier film pour la séance d’ouverture est Costa Brava Lebanon de Mounia Akl. C’est un très beau film et nous sommes heureux.ses de l’avoir programmé comme film d’ouverture. Après cela, nous organisons des projections à l’Université de Concordia à Montréal pour les premiers jours. Nous programmons également Le prophète, un film produit par Salma Hayek, basé sur l’ouvrage de Gebran Khalil Gebran. Ensuite, nous allons projeter le film The Anger et Beirut Hold Em de Michel Kamoun ou encore I’m not Lakit de Marie Surae. Pour la dernière soirée, nous avons l’habitude de mettre en avant un autre pays que le Liban. Cette année nous avons choisi la Jordanie avec le très beau film Daughters of Abdulrahman. Durant le festival, on présente plus de 30 courts métrages. Et ensuite le documentaire The Blue Inmates de Zeina Daccache et enfin I’m Not Lucky Like That de Maria Daines en collaboration avec SOS Children Village au Canada, les deux traitant de sujets très importants au Liban. I’m not Lucky Like That aborde par exemple la question des enfants orphelin.e.s. Nous consacrerons enfin des moments de débats et de discussions notamment sur les sujets liés au féminisme. 

 

Comment le Festival du Film Libanais au Canada est-il né ?

Le festival part d’une idée très simple avec Gilbert Sakr et Sam Lahoud, que je connais depuis 1993, lorsque nous étions à la chorale de Notre Dame de Louaize. Nous avons ensuite chacun.e poursuivi un chemin différent jusqu’à ce que l’on se revoit en 2016, lorsque Sam a visité le Canada lors d’une visite officielle avec l’université NDU (Université Notre-Dame-de-Louaizé), connu pour son festival de courts métrages. Nous avons donc décidé d’œuvrer pour la promotion du cinéma libanais au Canada, un pays où les films libanais étaient très rarement projetés avant la création de notre festival. Nous avons donc commencé à travailler sur le festival en 2017, en gardant à l’esprit que le cinéma est un outil puissant mais accessible, pour faire connaître la culture libanaise tout en soulignant la complexité du pays. Le festival est donc né à Montréal et à Ottawa pour la première édition. Puis il s’est étendu à Vancouver, à Halifax et à Toronto. Il a présenté plus de 320 courts et longs métrages et accueilli plus de 9000 personnes de tous âges chaque année. Nous sommes ravi.e.s d’avoir noué des partenariats avec des universités, comme l’université d’Ottawa, l’université de Toronto, les universités à Halifax comme l’université de Saint Mary. Nous faisons découvrir les courts métrages aux étudiant.e.s, très souvent enthousiastes à l’idée de découvrir de nouvelles cultures. 

Les dernières années, nous avons établi des partenariats avec d’autres festivals comme Cinémania à Montréal, Inside Out à Toronto également et le Arab Film Festival aussi à Toronto. On a eu une collaboration avec le TIFF, le plus grand festival de film au Canada. Aujourd’hui, le FFLC est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands festivals du film libanais à l’extérieur du Liban. Nous sommes très heureux.ses de savoir que nous parvenons à diffuser notre message. Nous nous réjouissons également des partenariats que nous nouons, par exemple avec le Festival du Film libanais de France, ainsi qu’avec celui d’Australie, que nous souhaitons poursuivre sur le long terme, puisque nous partageons les mêmes valeurs et la même énergie. 

 

Propos recueillis par Sarah Hajjar

 

Biographie 

Titulaire d’un baccalauréat en cinéma, télévision et radio, Hay-Love a commencé sa carrière dans l’industrie de la télévision et du cinéma, en travaillant avec des maisons de productions indépendantes au Liban et au Moyen-Orient. Pendant plus de 10 ans, elle a dirigé et produit des programmes de télévision tels que des sitcoms, des émissions en direct, des événements spéciaux, des séries dramatiques et des documentaires. Elle a ensuite travaillé dans l’industrie du tourisme pendant seize ans, avant de revenir à son premier amour : la production de films. Elle a ensuite obtenu une certification du Production Assistant Bootcamp de Los Angeles et s’est inscrite à une session de formation spéciale à l’institution Disney. Son expertise m’a conduite à devenir partenaire de New Dimension of the Universe, une société qui promeut des artistes internationaux et produit des événements en Amérique du Nord. Ayant une formation en musique et étant une ancienne choriste, Hay-Love est également directrice de la chorale du CSM. Ces dernières années, elle a organisé et participé à des ateliers et des séminaires autour de l’industrie du cinéma libanais. Elle travaille actuellement sur un projet spécial d’échange culturel entre des étudiant.e.s/artistes libanais et canadiens.

 

Retrouvez toute la programmation de la 6e édition du Festival du Film Libanais du Canada sur ce lien : http://lffcanada.com/?lang=fr